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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


des cordes, et sont prêts à les entraîner, lorsque Frédéric, Mersbourg et son écuyer Pitreman, qui suivaient la même route avec le projet de se rendre également à Trèves, viennent à bride abattue délivrer des malheureux qu’ils voient près d’être opprimés.

— Où menez-vous ces jeunes gens ? s’écrie Frédéric, la lance en arrêt et la visière baissée.

— Où nous ferions bien de te conduire toi-même ! répond un de ces brigands.

— Par le Dieu que tu offenses, répliqua Frédéric, tu lâcheras ces créatures ou j’inonde le sol de ton sang !

Les deux acolytes du prince se conduisent avec le même courage… Les brigands lâchent prise et se dispersent.

— Je ne veux pas savoir qui sont ces individus, dit Frédéric à Mersbourg. Ils paraissent honnêtes ; n’abusons pas de notre victoire.

Comme les femmes n’avaient point entendu Frédéric et n’avaient pu le reconnaître, non plus que celui qui le suivait, à cause de leur visière, et que, d’une autre part, elles n’avaient pu elles-mêmes être reconnues de Frédéric à cause de leur travestissement, rien ne résulta de cette rencontre.

— Non, poursuivit Frédéric, je ne veux point les interroger ; cette curiosité blesserait les lois