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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


était rare de trouver dans un militaire de ce siècle autant d’esprit et de franchise.

Le prince de Saxe, en quittant ce château, crut devoir se diriger sur Trèves. Pendant qu’il fait cette route, retournons dans les prisons du tribunal secret où la malheureuse Adélaïde gémit sans aucune espérance.

Quelles demandes qu’elle eût faites pour obtenir les habits de son sexe, on les lui avait toujours refusés. Il était, lui disait Stolbach, absolument nécessaire qu’elle parût devant ses juges dans les mêmes vêtements qu’elle portait en arrivant dans cette prison ; cela devenait des pièces à conviction essentielles au procès.

Cependant le temps s’écoulait sans que rien apaisât les mortelles inquiétudes de ces deux femmes, lorsque Stolbach vint enfin les chercher pour comparaître devant le président du tribunal. Nouvelles demandes d’avoir des habits de femme ; nouveau refus de les donner. Il fallut donc se soumettre… Quelle humiliation pour la plus fière de toutes les princesses !

Le président était assis quand les prisonnières parurent, et par ses ordres toutes les avenues de son cabinet furent fermées. Le premier mouvement de la princesse, en voyant cet homme, fut la plus extrême surprise : en effet, devait-elle