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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


dans le cas contraire, je le serai assez, moi, pour renoncer à son service.

— Monsieur, répondit Frédéric, je n’accepterais point ce noble élan de votre générosité si je n’étais utile à mon pays, dont il faut que j’aille bientôt reprendre le gouvernement ; mais songez que je me regarde toujours comme votre prisonnier et que, si jamais votre maître vous blâme, je rentre aussitôt dans vos fers.

Frédéric voulut quitter à l’instant le château, mais le commandant le retint.

— Vous supplier de me faire l’honneur de rester avec moi, prince, est la seule portion de mon devoir que je veuille exercer : accordez-moi cette faveur, si vous ne voulez pas me faire croire que ma franchise ne vous persuade point.

— Mon brave, répondit Frédéric en embrassant cet homme généreux, je manquerais de franchise moi-même si je ne croyais pas à la vôtre. Je veux être toujours votre ami et j’espère que vous serez éternellement le mien.

Le prince, ayant consenti de passer quelques jours encore au château de cet honnête militaire, lui confia ses peines et lui demanda ses conseils sur la marche qu’il devait suivre pour retrouver une épouse dont il n’avait jamais senti aussi cruel-