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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


Nos voyageuses ayant accepté les offres du solitaire, tous les trois se mirent en marche. Deux heures leur suffirent pour se rendre où on les conduisait : c’était à une retraite charmante, située sur le bord d’un ruisseau limpide, à quatre cents pas du grand chemin ; la cabane était construite en chaume, dans un bosquet de tilleuls dont les rameaux servaient à l’ombrager.

Nos deux infortunées ne furent pas plus tôt entrées que l’ermite leur présenta du lait et des figues :

— Je n’ai point encore de pain, leur dit-il ; je l’attends de la charité des voyageurs ; mais sustentez-vous toujours de ce faible repas, nous en aurons davantage demain.

La nuit vint. L’ermite prépara un lit de paille à ses hôtes, et le jour suivant, il partit seul en leur recommandant de l’attendre sans impatience.

— Voilà, dit-il, les cruches où je tiens mon lait, le panier où je place les figues. Consommez tout, mes amis, je rapporterai ce soir des provisions plus fraîches et vous ne manquerez de rien chez moi. Mais ne vous montrez pas à l’extérieur ; les chemins sont infestés de brigands. Attendez de moi seul les secours qui vous sont nécessaires pour vous rendre à Francfort ; je vous les promets à mon retour.