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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


soit, tranquillisez-vous : quand il faudra quitter cette terre, celle qui doit nous couvrir sera prête, et nous vous répondons de montrer autant de courage que vous montrez de barbarie.

— Madame, dit impertinemment Schinders, vous parlez comme si vous étiez encore sur le trône de Saxe.

— C’est que j’aurai toujours les sentiments qui m’ont rendue digne d’y monter.

— Il est des moments dans la vie où cette énergie n’est plus que faiblesse.

— Elle ne peut devenir telle que dans des êtres aussi féroces que vous.

— Ah ! madame, dit Bathilde, n’aigrissez pas nos bourreaux.

— Qu’importe, dit Adélaïde, qu’importe de respirer quelques heures de plus ou de moins : on ne quitte jamais les monstres assez tôt.

— Monsieur, dit Bathilde, ne soyez pas surpris de notre langage, et sachez que l’espoir d’expirer promptement donne le droit de tout dire.

— Vos têtes s’échauffent, mesdames, dit Schinders ; le parti que vous prenez est mauvais, il ne vous attirera qu’un surcroît de peines.

— Stolbach, dit ce scélérat en appelant à lui un de ses suppôts qui n’avait point encore paru, je vous mets à la place de l’aveugle ; vous valez