de malhonnêtes gens ? C’est l’état que nous
jugeons, et non pas celui qui l’exerce ; et, sous ce
rapport, je prétends, monsieur, que la balance
vaut mieux que le sceptre, et que le métier qui
fait vivre les hommes sera toujours le plus honorable
de tous.
— Mais oubliez-vous donc les droits de la naissance ?
— Et que sont-ils, sinon des effets du hasard ? Supposons que vous soyez noble ! étiez-vous pour quelque chose dans ce qui vous fit naître tel ? Vos vertus, monsieur, pourront anoblir votre état, mais jamais vos ancêtres ne l’illustreront.
— Croyez-vous donc que les vertus dépendent de nous ?
— Pas plus que la noblesse. Nos penchants viennent de la nature, je le sais, mais nous sommes les maîtres de la direction des effets. L’homme est tout ce qu’il veut par habitude ; qu’il s’efforce d’en adopter de bonnes dès son enfance, et l’excellente route que ses habitudes lui auront fait prendre le conduiront nécessairement à la vertu. Si l’on savait de quelle importance sont les premières impressions qu’on donne à la jeunesse, et combien elles influent sur le reste de notre vie ! Mais ces soins, ces efforts sont impos-