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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


savais bien qu’elles ne pouvaient m’échapper. Eh bien, mesdames, leur dit-il, rejetterez-vous encore mes services ?

— Oh ! s’écria Adélaïde en levant les mains au ciel, nous sommes perdues !

— Je le crains, dit le chef. Au reste, vous jugerez bientôt du sort qui vous est réservé : vous vous êtes trompées si vous avez cru que nous ne vous connaissions pas. La princesse de Saxe va savoir si elle doit laisser égorger ses amants par son barbare époux ; et Bathilde, fille du major de Torgau, sera bientôt récompensée des soins qu’elle a rendus à une maîtresse incessamment privée des moyens de lui en témoigner sa reconnaissance.

— Madame, poursuivit Schinders, chef des bandits qui le suivaient, nous sommes les amis et les parents de Kaunitz dont vous avez causé la mort : je suis son frère, ces chevaliers sont ses cousins. Il faut que votre sang lave les taches que le sien a fait à la réputation de celui qui l’a immolé ; nous ne serons satisfaits qu’à ce prix.

— Eh bien, dit la princesse frémissant à la vue des fers qu’on lui préparait, faites-le couler ici. Quelle nécessité de nous mener plus loin ?

— Non, non, dit Schinders, cette vengeance serait trop douce : il est de notre justice de la