loin de me tranquilliser, le message du comte ne
sert qu’à redoubler mes craintes. Qui peut
m’assurer que d’un moment à l’autre le prince
ne vienne tout à coup dans ce château ? S’il
forme ce désir, Mersbourg en pourra-t-il détourner
les effets ? Tu n’imagines pas à quel point Frédéric
est impérieux ; chacune de ses volontés est
une loi, et dès lors, que de dangers nous courons
ici ! Cela est décidé, Bathilde, je veux quitter ce
château ; je ne m’y trouve nullement en sûreté.
La franchise de Mersbourg ne m’est d’ailleurs
pas assez démontrée pour habiter son château
sans frayeur, et si tu m’en crois, nous ne mettrons
au départ d’autre délai que celui qu’exige nos
préparatifs.
La fille du major, absolument aux ordres de la princesse, ne put que s’y soumettre, et dès le surlendemain toutes deux partirent pour Erfurt, capitale de la Thuringe, seulement éloignée de quelques milles du château qu’elles quittaient.
— Ici, dit Adélaïde en descendant dans un mauvais cabaret, seul asile que les plus grandes cités offrissent alors aux voyageurs, ici nous apprendrons infailliblement des nouvelles du marquis de Thuringe.
Ce fut la première chose dont Adélaïde s’informa.