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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


ils sont tous occupés… Ah ! ce malheureux événement va nous perdre tous !

Alors Bathilde en larmes revient en hâte vers la princesse. À peine ont-elles franchi les derniers retranchements, qu’un homme les aborde et les invite ardemment à fuir tous les dangers qui peuvent résulter pour elles d’un aussi funeste événement.

— Je suis ici, dit l’inconnu, pour accompagner la voiture qui vient d’amener le comte de Mersbourg à Torgau ; veuillez y monter, et je vais vous conduire au château du comte ; il me saura gré de ce que j’entreprendrai pour vous sauver. Arrêté chez un de ses amis, il m’avait ordonné de l’attendre ici ; mais dans une pareille occasion, il me récompensera d’avoir enfreint ses ordres.

— Ah ! mon ami, dit la princesse de Saxe, quel service vous nous rendez !

— Madame, dit Bathilde, je me perds en vous suivant.

— Chère fille, voudrais-tu m’abandonner dans cette circonstance ?

— Non, madame, ne le craignez pas : mon attachement pour votre personne est déjà trop vif pour que je n’y sacrifie pas tout.

Elles montent aussitôt dans la voiture qui se trouvait là, et dans quelques heures arrivent au