faute que vous avez commise envers la meilleure
et la plus innocente des femmes.
— Mersbourg est chargé de tout.
— Il l’est de vos propositions ; mais plairont-elles à une femme violemment aigrie contre vous ? Ah ! mon cher prince, les hommes commettraient-ils des crimes, s’ils songeaient à la difficulté de les réparer ?
— Ô Louis, n’achève pas de me déchirer ! Je suis le plus malheureux des hommes, et j’ai rendu ma vertueuse épouse la plus infortunée des femmes.
— Et cette raison que vous donnez de sa disgrâce, à qui la persuaderez-vous ? Tous les Saxons ont sous les yeux la réponse sublime qu’elle vient de faire à l’empereur, et c’est celle qui dicta cette réponse que vous voulez charger d’un crime de haute trahison ! Vous voyez, Frédéric, comme les passions s’aveuglent, comme elles trouvent aussitôt dans leur palliatif leur plus coupable aliment ! Pardon, Monseigneur, pardon, si je vous parle de cette manière ; mon âge et votre rang me le défendent ; mais ce que le cœur inspire se tait si difficilement ! C’est dans le mien que je puise ce que j’ose vous dire, et vous en pardonnerez l’expression.
— Oui, mon ami, dit Frédéric, en embrassant