choix ne peut tomber sur une personne qui en
soit plus digne que Thuringe.
— J’y consens, dit Frédéric, chargez-vous de l’instruire. Sa vertueuse amitié pour la princesse doit le rendre très affligé de tout ceci. Lui en parler moi-même irriterait encore mes chagrins. Disposez tout avec le marquis, et j’approuve d’avance tout ce que vous ferez l’un et l’autre.
Le comte n’eut rien de plus pressé que d’instruire Louis de ce qu’on venait de lui dire.
— Vous ne m’accuserez plus, j’espère, lui dit-il, de n’être pas votre ami : vous allez revoir celle que vous aimez et la ramener vous-même à son époux. Peut-il exister au monde une circonstance plus heureuse ?
— Comte, répondit Thuringe, dans tout ce que vous venez de faire, vous avez plus écouté l’envie de servir un ami que ce que vous disait la prudence. Ce voyage compromettrait infailliblement Adélaïde ; et si jamais notre secret venait à se découvrir, de quelle fausseté ne m’accuserait-on pas ? Il s’agit bien plutôt ici de faire évader la princesse que de la ramener à son mari : car, si elle quitte la Saxe, quelque espoir peut me rester alors ; je n’en ai plus, dès qu’elle sera rendue à Frédéric. Je suis coupable sans doute en avouant ceci ; mais ne le serais-je pas bien davantage en