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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


fait mystère ? J’imagine que ce jeune homme est bien plus coupable que la princesse : n’était-il pas très possible qu’il l’aimât sans qu’elle répondît à sa flamme ?

— Mais ce rendez-vous ?

— Nous n’avons pas de preuves que cela en fût un. L’usage de la princesse était de se rendre assez souvent toute seule au cabinet des oiseaux : Kaunitz l’y aura suivie, sans que votre épouse ait la moindre part à cette entrevue.

— Mais ils se sont parlé.

— Bien peu de temps ; car il s’en est passé bien peu entre l’instant où ce jeune officier s’est trouvé près de la volière et celui où vos gardes ont arrêté la princesse.

— Mais Kaunitz expirant sous le fer dont je l’ai fait frapper, n’a pu, dit-on, déguiser son amour.

— En ce cas Votre Altesse a fait prudemment de le traiter avec cette rigueur.

— Peu s’en est fallu que, dans les premiers moments, Adélaïde n’ait subi le même sort.

— Que de repentir vous vous seriez préparé ! Car vous adorez la princesse ; l’ardeur de vos sentiments ne peut se taire, et j’ose vous répondre qu’elle est encore digne de les mériter.

— Et voilà ce qui fait mon tourment, voilà ce