avoir l’air de m’en mêler ; je ne dois ni protéger,
ni diriger son évasion : puisqu’on me croit innocent
je ne dois point me charger du rôle d’un coupable.
— Séparons-nous, dit le comte, je vois qu’on nous observe ; remettons à un autre moment cette importante discussion.
Louis va rêver à ses malheurs et Mersbourg entre chez le prince.
— Eh bien, comte, dit Frédéric, avais-je tort de me livrer aux tourments de la jalousie ?
-Je l’avoue. Monseigneur, jamais je n’aurais soupçonné celle que vous honorez de votre tendresse.
— Ô mon ami, le cœur des femmes est inexplicable, c’est un labyrinthe où se perdra toujours celui qui se flattera de le mieux connaître. J’adorais cette femme, et elle me trahit ; je la croyais franche, et il n’y avait en elle que de l’imposture et de la perfidie. Ce fut sur le bruit de sa vertu que je l’associai à mon trône : vois comment j’en suis récompensé ! Ce Kaunitz… qui l’aurait cru ? Ce jeune homme que j’avais comblé de bienfaits ! À qui donc les princes peuvent-ils se fier ?… Y avait-il longtemps, mon ami, que cette intrigue durait ? S’aimaient-ils ?… Le crois-tu ?…
— Si j’eusse été instruit de quelque chose, Votre Altesse peut-elle croire que je lui en eusse