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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK

Et le comte se disposait à passer à l’instant chez Adélaïde, lorsqu’on sut qu’en raison d’une menace que l’empereur venait de faire au prince Frédéric, ce souverain, ayant toute confiance en son épouse, venait de s’enfermer avec elle pour répondre de concert au message insolent qu’il recevait. Ce fut Adélaïde elle-même qui dicta la lettre fière dans laquelle elle disait à l’empereur que ce n’était ni à son âge, ni avec la dépravation de sa conduite, qu’on devait se flatter d’imposer au prince toujours victorieux qui régnait sur la Saxe et qu’avant de se permettre une telle audace, il fallait que Henri réformât premièrement ses mœurs, en chassant ses maîtresses, et son insolence en sortant aussitôt de l’état d’un prince qui n’avait nul besoin de rétablir chez lui l’ordre, qu’en sa qualité d’empereur il ferait beaucoup mieux d’aller faire régner dans ses autres provinces, lesquelles, bien plus que la Saxe, avaient besoin de ses conseils et de ses secours[1].

Cette lettre frappa tellement l’empereur qu’il renonça dès le même instant à des projets qu’une telle vigueur pouvait, tôt ou tard, rendre vains.

  1. Voyez ce que Voltaire dit de ce prince, tome deuxième de l’Essai sur les mœurs et l’esprit des nations. Voyez aussi, relativement à cette lettre, l’art. Henri IV, empereur, tome III du Dict. des hommes illustres, page 271. (Note de Sade.)