contribuer à cette félicité que Votre Altesse me
souhaite. Je suis assez jeune pour attendre, et je
supplie Votre Altesse de réserver ses bonnes
intentions pour un temps un peu plus éloigné.
Rapproché de vous par des bontés dont je vous
offre mes plus sincères remerciements, je prie
Monseigneur de permettre que je me consacre
uniquement à la reconnaissance que je lui dois :
je ne veux voir de sacré que sa personne chérie ;
je ne veux m’attacher qu’à elle, et je craindrai
que d’autres devoirs ne vinssent à distraire votre
fidèle vassal de ceux qu’il ne veut rendre qu’à
vous.
— Mais l’un n’empêche pas l’autre, dit Frédéric : dites plutôt, mon ami, que vous ne croyez pas que le bonheur puisse exister pour vous dans le mariage.
— Je crois au contraire, Monseigneur, que ces liens, lorsqu’ils sont assortis, sont les plus sûrs moyens d’assurer la félicité de l’homme ; mais si toutes les convenances ne s’y trouvent pas, je crois qu’alors ils doivent devenir bien pénibles.
— Ah ! cher comte, que vous avez raison ! Le plus grand malheur, en ce cas, est de n’être pas aimé comme on aime, et cette crainte, fomentée par la jalousie, est bien douloureuse sans doute…