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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK

— Je n’aime pas qu’on devine mon secret.

— Je ne l’aurais jamais osé, si vous ne m’en eussiez développé le premier fil. En offrant bien sincèrement mes excuses à Votre Altesse, j’ose l’assurer en même temps que si j’ai tâché de connaître cet auguste secret, ce ne fut jamais que dans la respectable intention de pouvoir vous prouver mon zèle, en sacrifiant jusqu’à ma vie, s’il le faut, pour être utile à vos intérêts. Le malheur des princes, madame, est de placer souvent leur confiance dans des gens indignes de la posséder : ma naissance et mon inviolable attachement à votre personne ne peuvent faire redouter dans moi de pareils inconvénients. Permettez que je prononce en vos mains le serment d’une éternelle fidélité.

— Je vous crois, Mersbourg, répondit Adélaïde : ce que j’ai vu de vous jusqu’à ce moment ne me laisse aucun soupçon sur la franchise de vos sentiments ; et vous ne connaîtrez les chagrins de votre souveraine que pour les adoucir et pour les déguiser… Vos présomptions sont justes, mon cher comte ; celui que j’aime habite le château ; je le crois même votre ami.

— Ah ! que ne puis-je le respecter comme mon maître !

— Oui, c’est Louis de Thuringe que j’aime ;