par le comte lui suffit pour concevoir le projet
de se fixer dans cette cour, en calmant d’un côté
les inquiétudes jalouses qu’il avait déjà aperçues
dans le cœur de Frédéric, et en servant de l’autre
l’amour d’Adélaïde et du marquis de Thuringe.
Plusieurs autres projets, encore presque ensevelis
dans l’âme de Mersbourg, se développèrent à ses
regards d’une manière agréable ; et, n’y eût-il
eu pour lui dans tout cela que le plaisir de nuire
et d’intriguer, c’en était assez pour flatter délicieusement
un esprit aussi dépravé que le sien.
— Mon cher marquis, dit-il à Thuringe, au bout de quelques mois de séjour à Frédéricsbourg, inutilement me déguiserez-vous les sentiments dont vous brûlez pour Adélaïde. Quand votre discrétion les tairait, vos yeux trahiraient le mystère ; et vous savez qu’un connaisseur comme moi ne se trompe guère aux apparences.
— À supposer que vos soupçons fussent vrais, répondit le marquis, me trouveriez-vous bien coupable ?
— Assurément non, mon cher Louis : je ne connais pas d’excuse plus parfaite aux torts dont vous vous accuseriez, que les charmes divins de votre adorable maîtresse ; et si ma prudence y trouvait des entraves, elles n’existeraient que dans l’intimité de ses rapports avec votre cousin.