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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK

— Madame, dit le chevalier, je suis le comte de Mersbourg dont les états voisins de ceux de votre auguste époux me rendent son vassal. Invité par le prince, deux motifs puissants m’ont fait accepter l’offre qu’il a daigné me faire : celui de rendre mes devoirs à mon souverain et celui, plus puissant encore, de venir admirer en Votre Altesse ce que l’Allemagne a produit de plus parfait.

— Et pourquoi donc, comte, souteniez-vous, dit Adélaïde, qu’une autre l’emportait sur moi ?

— Cette concurrence était impossible, madame, répondit le comte. À présent que cette dame est débarrassée des voiles qui la déguisaient, daignez jeter les yeux sur elle, et vous y verrez une femme jeune et bien faite, à la vérité, mais aussi loin des dons que vous prodigua la nature, que peut l’être de la brillante clarté du soleil la pâle lumière des étoiles de la nuit.

— Mais pourquoi donc combattre ?

— Pour être vaincu, madame, et mériter par là l’honneur de tomber en suppliant à vos genoux.

En ce moment Louis de Thuringe et Frédéric se rapprochèrent de la princesse et la conversation devint générale.

Les joutes cessèrent. Des danses, des festins les suivirent ; et, pendant les quinze jours destinés