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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


point d’écussons dans la lice : les armoiries, seulement connues du temps des Croisades, ne pouvaient pas encore embellir ces fêtes. Mais les combattants descendirent de leur cheval et proclamèrent les dames de leurs pensées. Celles-ci, rangées sur des gradins qui environnaient l’esplanade du château, semblaient par leur présence et par leurs regards, animer ceux qui combattaient pour elles.

Adélaïde, placée sur le balcon qui s’avançait du centre du château vers le milieu de l’esplanade, avait déjà vu triompher deux fois son époux, lorsqu’un chevalier inconnu s’avança dans la lice et demanda l’honneur de se mesurer avec le prince, en assurant qu’il s’en fallait bien que la dame pour laquelle venait de combattre Frédéric fût effectivement la plus belle ; que cette supériorité ne pouvait appartenir qu’à une dame étrangère aussi inconnue que lui et qu’il désigna sur les gradins. Frédéric répond comme il convient à un pareil défi… Mais cette fois il est terrassé. Louis de Thuringe s’élance aussitôt dans la carrière pour venger son illustre parent. À son tour, l’inconnu désarçonné se confesse vaincu, et, soumis aux ordres de son vainqueur, il va réparer son audace aux pieds d’Adélaïde, qui lui ordonne de se faire connaître et de prendre place auprès d’elle.