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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


hommes, toujours agités, ne dussent rencontrer la paix, si chimériquement recherchée par eux sur la terre, que dans la portion de cette terre qui doit les couvrir un jour.

Au milieu de ces troubles, dont la Saxe était pour ainsi dire le foyer, il devenait vraisemblable que des crimes de toute espèce souillassent à la fois et les princes qui gouvernaient les peuples et les peuples écrasés par la tyrannie de ces princes.

Telle était enfin la situation des choses au moment où l’Allemagne fut témoin des événements que nous allons écrire.

Un vent frais et léger, précurseur de la plus belle aurore, balançait agréablement les rameaux élevés des chênes antiques de l’épaisse forêt qui, s’élevant à quelques lieues de Dresde, vient envelopper de ses ombres épaisses le château de Frédéricsbourg, lieu de plaisance des princes qui gouvernaient la Saxe, et dans lequel se trouvait Frédéric, souverain actuel de cette belle contrée de l’Allemagne. Le chant mélodieux du rossignol, se mêlant au murmure des eaux de la petite rivière qui coupe cette forêt et au bruit des feuilles agitées, composait cette harmonie majestueuse du ciel dont l’astre qui l’éclaire veut toujours être précédé, Le parfum délicieux des plantes que cette saison voit éclore ajoutait à cet enchantement,