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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


les usages les plus révoltants, les lois les plus injustes, tout semblait paralyser de concert le commerce qui vivifie tout, et la sûreté publique qui assure le bonheur de l’homme et sa véritable tranquillité.

L’empereur Henri IV, encore dans l’adolescence, unissait aux talents guerriers la politique nécessaire à se maintenir sur un trône ébranlé de toutes parts. Mais ce que les armes subjuguaient d’un côté, les oppositions, les partis le détruisaient à l’instant de l’autre.

Un peuple aussi courageux qu’indomptable, ces farouches Bructères, autrefois vainqueurs de Varrus et dont les possessions s’étendaient des bords du Weiser et de l’Elbe à la Moravie et des rives du Rhin à la mer Baltique, brûlaient encore de ce zèle audacieux dont les enflammait Vitikind, lorsque, conduits par cet homme célèbre, ils résistèrent si longtemps à tous les efforts de Charlemagne qui ne les vainquit que par la déportation ou le meurtre. Dévastateurs des provinces anglaises, dont ils donnèrent orgueilleusement le nom à leur patrie, idolâtres par choix et chrétiens par terreur, remplacés par des Francs encore peu policés, les Saxons, en un mot, se soustrayaient à tel point au joug d’Henri qu’on les vit, sous le règne de la princesse dont nous