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CHAPITRE PREMIER.


Vers le milieu du XIe siècle, époque du fait que nous allons raconter, l’Allemagne offrait à l’univers le tableau d’une mer orageuse, dont les flots impétueux menaçaient le reste de l’Europe : trouble et faiblesse sur le trône d’Occident ; rivalité sur celui de saint Pierre ; nul décret de ces deux puissances qui ne fût aussitôt entravé par l’ambition de l’une ou de l’autre, par l’indépendance toujours fatale des peuples, ou par les désordres perpétuels de la féodalité des nobles qui ne laissaient en paix ni les voyageurs impunément attaqués sur les grandes routes, ni ceux qui cultivaient les terres que traversaient ces routes dangereuses. Les concussions, les violences, les exactions à main armée, les impositions les plus arbitraires,