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la main de l’Être-Suprême, les traits envenimés de la méchanceté des hommes, repoussés vers leurs propres seins, ne seront plus pour nous, que ce que furent autrefois ceux du prince des ténèbres, contre le Dieu qui le précipitât.

Il faut nous quitter, Valcour, et cette séparation est bien différente de celle que nous fîmes il y a si peu de temps, sur la montagne de Colette, alors nous espérions de nous revoir, nous ne nous quittions que pour nous réunir,… et c’est pour toujours maintenant… Cette Aline, dont tu étais si fier, ne se présentera plus à tes yeux ; anéantie dans l’obscurité des tombeaux, on ne parlera pas plus d’elle incessamment, que si elle n’eût jamais existée,… elle ne vivra plus que dans ton cœur. En recevant ces caractères, en les arrosant de tes larmes, ton imagination frappée de celle qui les trace, la réalisera peut-être encore à tes sens, mais elle n’existera plus ; il y aura long-temps qu’elle sera plongée dans l’abyme ; et si ton il-