Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/182

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’inquisiteur a protesté au roi même, que jamais les lingots trouvés dans les males de Sainville n’avaient été à une plus forte somme ; quelque soit la fausseté de cette réponse, nous sommes trop heureux de tenir cela. Sainville m’a écrit deux ou trois lettres bien autrement senties que celle de sa chère épouse, il s’est conduit de même vis-à-vis du comte de Beaulé qui ne cessera de le servir avec zele. Quant à la jeune femme, quoique toujours maniérée, toujours bien de l’esprit et un cœur bien froid, elle a fait là-bas une petite vilenie qui achevra de vous prouver son ame. Très-sûre d’avoir incessamment deux ou trois cent mille liv. de rente, sachant la rentrée d’une partie des lingots d’Espagne, elle met l’épée dans les reins à un malheureux collatéral, qui avait hérité de six cents livres de rente à la mort de madame de Kerneuil, cet infortuné presque réduit à ce seul legs pour vivre, se trouve à la veille de mourir de faim s’il perd, or suivant le droit, il doit perdre, il ne s’agit pour l’en empêcher,