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toutes les heures,… à toutes les heures on entrera chez toi de ma part,… excepté pendant le temps de ton repos,… de ce repos que je voudrais aller te procurer moi-même, au prix du mien et de ma vie… Et pourquoi n’irai-je pas ? qu’ai-je à craindre ?… qu’ai-je à redouter ?… Je ne suis effrayée que de tes douleurs… Tout m’est égal sans toi ; devoirs, respects, sentimens, décence, froides et vaines considérations, vous n’êtes rien auprès de mon amour… Qu’ils sont heureux ceux qui te soignent ;… que ne donnerais-je pas pour partager leur sort ? que dis-je ?… Ah ! si le bonheur ne m’était point ravi, qui que ce fût que moi seule, ne t’offrirait aucun service, je serai jalouse de tous ceux qu’on voudrait m’empêcher de te rendre… Pourras-tu me lire, pourras-tu comprendre le désordre de ces traits ?… Le feu de cette tête égarée par le désespoir ;… les expressions de ce cœur perdu d’amour, tout ce que j’éprouve enfin, sera-t-il entendu de toi ?… Il y a des instans où mon ame