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coulé pour moi,… à cause de moi,… et ce n’est pas moi qui te soigne ? Je ne puis ni te veiller, ni te secourir ; j’y veux voler, on m’en empêche ; je n’aurai pourtant, ni repos, ni tranquillité, que je ne t’aie vu ; mon honneur,… ma vie, tout ce que j’ai de plus cher, dût-il être compromis, il faut que je te voie ;… il faut que mes yeux m’assurent que l’on ne me trompe point, et que tes jours sont en sûreté. Père barbare,… si je croyais que ce fût vous, l’amour étoufferait la voix de la nature ;… mais où m’emporte mon funeste état ! mes larmes coulent, et elles ne me soulagent point ! mon cœur est dans une telle oppression, que tous mes sens sont anéantis… Quel est le motif de ce funeste accident ?… Je veux le savoir ou mourir. Ah, combien je t’aime, Valcour ! — comme tes maux réveillent ma flamme ; ce fer fatal a pénétré mon cœur… Le sang qu’il en arrache se mêle aux larmes dont j’inonde ce que j’écris !… Comment es-tu ?… quel est ton état ?… je veux en être instruite à