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peine y fûmes-nous, qu’il s’éleva un ouragan terrible, les sables enlevés alors à la hauteur des nuës et retombant en pluie, non-seulement aveuglèrent nos guides, mais leur firent même perdre absolument la trace qu’ils devaient suivre, et les contraignirent à une halte qui dura jusqu’au lendemain ; cet événement m’inquiétait, quelqu’éloignée que je fus de Duval, quel que fût mon déguisement, je craignais toujours qu’il ne nous fît suivre, et qu’on ne vînt à me reconnaître ; mais Dom Gaspard, attentif et prévenant, ne cessait de me calmer et de me rassurer.

Après cette première aventure, nous continuâmes assez tranquillement notre route jusqu’à Hélaoué, ville charmante et qui répond bien à son nom, dont la signification est : pays plein de douceur, cette ville est la dernière qui dépende du grand seigneur, on y voit des jardins délicieux arrosés de ruisseaux, d’une fraîcheur bien précieuse pour ceux qui viennent de traverser des déserts arides, où l’eau leur a souvent