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décampai lestement le soir du logis de Duval, et fus me cacher cette première nuit chez mon Portugais, qui, après m’avoir renouvellé ses sermens d’attendre en Europe à exiger la récompense des soins qu’il prenait de moi, me barbouilla le visage et les mains ainsi que nous étions convenus, me revêtit d’habit de nègre, et me confia au sien avec lequel je passai au Caire sans le plus petit inconvénient ; cinq jours après, Dom Gaspard arriva, me fit camper sur le chameau qui portait son bagage, toujours comme un de ses gens, nous nous réunîmes au reste de la troupe et nous avançâmes.

Chemin faisant, Gaspard m’apprit tout le train qu’avait fait ma fuite, il me dit que Duval, furieux, ne doutant point du contenu de ma lettre, n’avait tourné ses perquisitions que vers Damiète, malgré son désespoir, ajouta Dom Gaspard, l’histoire n’en avait pas moins amusé toute la ville, les reproches s’adressaient à lui, il fallait, disait-on, qu’il eut eu de mauvais procédés