Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par le Caire, en multipliant ses recherches, courrait risque d’en perdre le fruit ; mais ses poursuites eussent-elles même lieu du côté de la caravanne, quelle apparence qu’il pût m’y découvrir sous le déguisement que je prenais !

L’aventure était périllieuse, je le sentais, à supposer même que l’évasion se fit sans aucun risque, quelle route j’allais entreprendre, était-il sûr que le jeune Portugais dans lequel je plaçais toute ma confiance, en fut certainement digne, ne pouvait-il pas abuser de ma situation ? De l’empire que je lui donnais sur moi. — Et si malheureusement je venais à le perdre, que devenais-je seule, isolée, au milieu de cette caravanne, tout cela sans doute, m’offrait de grands dangers ; mais ils n’étaient qu’en vraisemblance… ceux que je courrais avec Duval étaient sûrs ; un second sommeil sous le berceau de jasmin, j’étais une femme perdue, je ne balançais donc plus, et mes résolutions prises, je ne m’occupai que de l’exécution ; J’écrivis ma lettre ; je