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le premier de cette plaisante intrigue et qui l’en persista le plus agréablement. « Ne vous étonnez pas de cette passion, lui disait quelquefois Duval, elle est en moi poussée à l’extrême, je l’avoue et suis bien loin de m’en cacher ; eh ! n’imaginez pas que la jouissance puisse éteindre la flamme quand elle est l’ouvrage de l’amour, plus une épouse alors nous abandonne ses charmes, plus elle irrite notre ardeur ; ce lien qu’on badine quand on n’aime point sa femme, devient si doux quand on l’adore, il est si délicieux d’accorder les mouvemens de son cœur aux vœux du ciel, des loix et de la nature… Non, non, il n’est aucune femme dans le monde qui puisse valoir celle qui nous appartient, s’abandonnant avec liberté aux transports ardents de son ame ; on lui prodigue avec tant de délices, tous les titres qui peuvent resserrer celui qu’elle a déjà ; elle est à la fois notre épouse, notre maîtresse, notre amie, notre confidente, notre sœur, notre dieu ; elle est tout ce qui peut contribuer à la félicité la plus