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chambre, les regrets de l’homme qui l’ouvrit, n’y croyant plus trouver qu’un cadavre. Sa joie quand il s’aperçut que je n’étais qu’évanouie, et les secours qu’il allait me donner, quand Sainville partit, et s’éloigna de moi pour me chercher.

Dolcini me saigna, je repris promptement l’usage de mes sens, le même vent qui fit partir Sainville, nous fit également remettre à la voile, et mon amant certain de n’avoir plus rien à redouter, me fit enfin, quitter ma fatale demeure.

Nous avions été plus loin que nous ne voulions ; il s’agissait de regagner Catane ; mais malheureusement le tems favorable ne fut qu’apparent pour nous, comme pour Sainville, bientôt un vent d’Est s’élevant avec fureur, nous rejetta dans la mer d’Afrique ; en cet instant fatal, un corsaire de Tripoli, voyant notre détresse, fond sur nous avec impétuosité, infiniment trop foible pour penser à la moindre résistance, il ne faut songer qu’à nous voir enchaîner ou périr. Dolcini, que l’amour enflamme,