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Je ne conçois pas comment j’ai pu m’y tromper un moment… Et le reste de la nuit se passa dans une honnête joie et sans se quitter qu’à l’instant du départ ; cette séparation ne se fit qu’avec des larmes bien amères, répandues entre Clémentine et moi, et mille protestations de nous écrire, ce que nous n’avons pas cessé de faire jusqu’à ce moment-ci, où je puis assurer qu’elle vit contente, heureuse et riche avec un mari qui l’adore, et qui ne s’occupe journellement que de sa félicité. Brigandos continua de les suivre, et ce ne fut pas non plus sans attendrissements que je me séparai de cet ami sincère. Le reste de notre route se poursuivit avec tranquillité, nous passâmes heureusement les monts, et nous arrivâmes bientôt à Bayonne, sans le plus léger accident.

Quoique la destination de mes amis fût pour Bordeaux, leur talent reconnu et chéri par toute la France, les fit désirer à Bayonne ; ils n’accordèrent vingt représentations au directeur, qu’aux conditions