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devient nul… Soyez plus justes, messieurs les maris, et ne nous soumettez pas à un joug qui vous désolerait à porter, loin de vous scandaliser des délices dont nous osons nous enivrer sans vous ; devenez assez délicats pour nous en procurer vous-mêmes, la reconnaissance où vous nous contraindrez, deviendra volupté dans vos ames sensibles. Vous comprendrez que si nos sens s’émeuvent un instant pour d’autres, ce qui est bien autrement précieux ; ce qui ne dépend que de l’ame seule, ne vous appartient que plus sûrement, et que vous nous enchaînez toujours, même en dégageant nos liens… Ah ! je le dis, comme je le pense ! mais si j’étais homme, voilà comme j’agirais, ou pas assez sûr des plaisirs que je donnerais à ma femme, ou craignant sans cesse de ne lui en pas procurer assez, je la presserais d’en prendre avec mes amis, je regarderais l’acceptation qu’elle en ferait, comme une preuve de son amitié et de sa confiance, je la remercierais cent fois du bonheur dont elle me ferait