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toutes manières, car telle était sur ce point la manie de ces peuples, que ce qui même ajouterait d’après nos mœurs une teinte à l’infamie, devenait chez eux un motif de plus aux préférences, il fallait que la prostitution eût été si entière, qu’aucun des temples de l’amour n’eût été sans adorateurs, et l’on en voulait être sûr. Hérodote et Strabon nous disent que les Babiloniennes étaient obligées d’offrir ainsi leurs prémices au temple de Vénus, le culte de la Callipige des Grecs est une preuve de ce que j’avance ; d’après toute l’antiquité, point de restriction, cette Vénus le désignait assez clairement ; tous les peuples sages pensèrent, en un mot, madame, que jamais l’incontinence d’une jeune fille ne devait lui porter obstacle ; plusieurs, comme vous le voyez, ne l’estimèrent même qu’à ces conditions, et crurent avec beaucoup de sagesse, que plus une femme a de mérite, plus elle doit être recherchée : si on ne lui a jamais rien dit, c’est que sa valeur est médiocre, doit-on alors la prendre pour femme ? Il faut donc, si l’on est vrai-