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semble prêter aux parens l’ombre du pouvoir sur cet article, n’est fondée que sur leur avarice ou leur ambition, ils craignent de ne pouvoir marier leurs filles, ils les obligent à respecter la fleur que l’hymen doit épanouir ; mais cette raison uniquement dictée par l’intérêt des pères, est nulle aux yeux des enfans. Si les filles l’écoutent, elles ont servies les passions de leurs pères au détriment des leurs, c’est-à-dire qu’elles ont fait une bêtise, puisqu’elles ont données beaucoup plus que ce qu’elles ne reçoivent, la passion qu’elles immolent étant bien autrement impérieuse que celles auxquelles elles sacrifient ; mais le préjugé prononce contre elles, continue-t-on d’objecter ; voilà l’infamie ; voilà l’inconséquence ; voilà l’atrocité ; voilà l’inepte barbarie qui ne se voit que dans notre Europe agreste. Parcourons rapidement les usages des peuples qui ont mieux valu que nous. Les Brésiliens, les Scithes, les Lapons prostituaient aux étrangers des filles, dont ils ne faisaient pas moins leurs femmes après ; au Pégu, un