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vous, Léonore, je crois juger assez bien des événemens de la vie, pour vous répondre que cette aventure n’est pas pour vous du plus petit danger. Nous nous mîmes donc à table, et pleinement calmée par ce discours, je soupai comme à mon ordinaire. L’heure de se mettre au lit étant venue, inquiets pourtant de ne point voir nos voisins se retirer, nous en demandâmes la cause à la servante.

Le mari de cette dame, nous dit-elle, voyage avec un certain monsieur Rodolphe, lieutenant de dragons, son ancien camarade ; et comme ils s’aiment beaucoup tous les deux ; chaque soir ils font ensemble un peu de débauche ; mais la jeune femme aussi ennuyée que vous de ce retard, va venir se retirer en attendant. Dès qu’elle sera couchée, vous serez tranquilles ; nous recommanderons à dom Santillana, son époux, de ne point faire de bruit en venant la retrouver, et rien n’interrompra votre repos.

À peine, en effet, cette fille eut-elle