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Déterville à Valcour.

chaque jour elle-même, si le crime enfin est une de ses loix, de quel droit le bannirons-nous de la terre ? qui nous autorise à le venger ? Les malheureux compagnons de Bras-de-fer, qui servent les vues de la nature, comme une peste ou une famine, sont-ils plus coupables que la main qui nous envoie ces fléaux ? Pourquoi n’osons-nous insulter l’une, et pourquoi condamnons-nous l’autre ? Il ne s’agit donc ici que de l’histoire de la force. Nous tolérons les maux que nous ne pouvons empêcher, et nous punissons les auteurs de ceux qui sont en notre pouvoir, y a-t-il de la justice à cette conduite[1] ? Eh !

  1. Il ne s’agit pas de mettre en avant ici les intérêts de la société, la réponse aux objections de Bersac serait puérile : il est question de savoir pourquoi on punit. Assurément la peste nuit à la société, autant et beaucoup plus que le voleur de grands chemins. Cependant nous ne nous vengeons pas de la main qui nous envoie la peste,