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enlève, est à la charge du ravisseur et jamais de sa conscience ; mais il y a de ces coquins-là, qui ne se soucient point du tout d’un tort de plus ou de moins, et qui, pourvu qu’ils ayent ce qu’ils désirent, ne sont nullement difficiles sur la manière dont ils l’obtiennent.

Hélas ! monsieur, reprit Léonore, ce libertin sans doute était du nombre de ceux dont vous parlez… Il obligea une femme entre les mains de qui je venais d’être confiée, de me mettre au lit devant lui, et tout ce que ses yeux purent découvrir, il leur permit de le dévorer… On vous mit nue, dit le comte ?… Et Léonore rougissant. — Monsieur. — Oh ! nous lui faisons grace de ces détails, dit Madame de Senneval, en vérité comte, vous êtes trop curieux, vous voyez bien que ce vénitien est un impudent qui se permet tout, excepté ce qu’il croit devoir attendre pour le plus grand intérêt de son plaisir… C’est cela, n’est-ce pas ma belle ?… Oui, madame, reprit Léonore, votre adroite honêteté dit tout en m’en épargnant