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sion de l’ordre de ceux qui deviendraient mes amans tour à tour : ce projet s’exécuta sur-le-champ, et les rangs s’écrivirent.

« Enfans, dit le capitaine, dès que cela fut fait, tout est dit, partons maintenant ; des devoirs plus essentiels nous attendent… Souvenez-vous que ce que nous venons de faire n’est qu’un jeu : je voulais vous tenir en gaieté, et vous empêcher de dormir… Que cette malheureuse nous serve, à la bonne heure, nous en avons besoin… Mais s’il y en avait un seul d’entre-vous qui s’avisât de profiter de sa faiblesse et de son malheur, pour obtenir par la violence, ce qu’elle ne doit donner qu’à celui qui lui plaira le mieux, je vous avertis que je regarderais cet homme-là comme un lâche, comme un malhonnête homme, capable de nous trahir nous-mêmes, et qu’il n’y auroit rien que je ne fisse pour m’en défaire à l’instant. Ce n’est ni contre le faible, ni contre le pauvre que doivent se diriger nos armes ; elles ne sont destinées que pour le fort et