Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/529

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

regarder derrière moi. À peine eus-je fait deux lieues que je trouvai une maison ; j’y entrai à dessein d’y prendre quelque nourriture, ce n’était point une auberge, mais une grosse ferme, habitée par d’honnêtes gens, dont je fus très-bien reçue ; le premier objet qui me frappa, fut une jeune femme pleurant au coin du feu de la cuisine. — Je demandai le sujet de son chagrin. — C’est ma fille me répondit un vieillard, qui me parut être le chef du logis, depuis deux mois la chère femme ne peut se consoler. — Et que lui est-il donc arrivé demandai-je ? — Elle avait une fille de quinze ans, belle comme le jour, qui a disparue depuis l’époque que je vous dis, sans qu’il soit possible de savoir ce qu’elle est devenue… Une fille sage comme sa mère,… dévote comme un ange, un enfant que nous adorions ;… c’était l’espoir et la consolation de mes vieux jours… et des larmes humectèrent ici, les yeux de ce brave homme. — Mais dis-je alors ne doutant plus de la funeste liaison de ces