Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/523

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’une faible lampe, s’introduisirent à pas lents ; ils portaient l’un par la tête, et l’autre par les pieds, un cadavre de femme tout récemment assassinée. — Mettons la ici, dit l’un d’eux en déposant le côté du corps qu’il tenait, sur la balustrade du chœur, et ouvrons vite un caveau. — La belle créature dit l’autre en la considérant… sans les maudites recherches dont nous sommes menacés, elle nous aurait encore servi plus de six mois. — En voilà pourtant vingt-une qui nous passent ainsi par les mains depuis quatre ans ; nous dépeuplerons la province. — Ce sont nos maudites institutions qui sont cause de celà, nous sommes des hommes comme les autres, et tout comme eux nous avons besoin de femmes, qu’on nous en laisse à volonté, et pour déguiser des besoins naturels, nous ne serons pas obligés d’avoir recours au crime, nous ne serons pas contraints à tuer les objets de nos jouissances, de peur qu’ils ne nous trahissent. Voilà l’inconvénient affreux que n’ont pas