Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/522

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le son d’une cloche, je m’y dirigeai et parvins au bout d’une demi-heure, près d’un couvent de capucins extraordinairement isolé, et qui me parut peu considérable, je n’avais aucune envie comme vous le croyez aisément d’aller demander asyle à ces bons pères, je serais devenue dans leur retraite, un morceau trop friand pour eux, mais trouvant l’église ouverte, je m’y introduisis, imaginant au moins que l’air d’y prier, m’y ferait passer tranquillement la nuit ; j’entrai, je me tapis dans un confessionnal, et peu après j’entendis fermer l’église. Dans cette tranquille obscurité, épuisée de faim et de fatigue, je me livrai malgré moi au sommeil, il y avait tout au plus deux heures que je reposais, lorsque j’entendis ouvrir la porte du chœur qui donnait dans le couvent, je crus d’abord que les pères venaient à matines. Cette idée qui ne m’était pas venue, me fit frémir, mais ce qui frappa mes regards redoubla bien mieux mes craintes, deux religieux, éclairés