Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/519

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

me dis-je, alors en ralentissant un peu ma marche, et me livrant à mes réflexions, où nous entraîne une première imprudence ! quelle foule de maux m’ont affligée depuis que j’ai eu le malheur de quitter ma famille, et voilà donc les hommes ! est-il possible qu’on ne trouve jamais avec eux que fourberie, débauche, méchanceté, trahison, violence… Est-ce donc là l’ouvrage d’un être bon !… Sont-ce donc par ces traits qu’il ose prétendre à notre hommage !… Ah ! Brigandos, vos principes ne sont pas si hors de raison, et dès que je ne vois qu’infamies sur la terre, ce ne peut être qu’un être méchant et indigne de nos cultes qui a créé tout ce qui nous environne. Ou l’athéisme, ou ce systême, le bon sens n’y voit pas de milieu[1]. Ces réflexions philosophiques me conduisirent au pied des montagnes,

  1. Si c’est là ce qu’on pense à l’école du malheur, elle n’est donc pas aussi bonne que les sots le croyent. Le capitaine Cook