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à dire que Clémentine et moi n’étions tombées dans leurs mains que par hazard ; et que nous n’étions nullement fautives. On la relâcha, et elle fut déclarée coupable sur ses aveux, d’impiétés, de commerce avec le diable, et de vol public. Après l’avoir un instant laissée respirer, l’inquisiteur ordonna qu’elle fût rapportée dans sa chambre, et qu’elle eût à s’y préparer à la mort. Elle tourna vers nous ses deux grands yeux languissans et noyés de larmes… Elle soupira, sembla nous adresser le dernier adieu, et sortit. Voilà comme fut traitée une pauvre fille de seize ans, belle comme un ange, sage, vertueuse, du plus excellent caractère, qui peu de jours avant, s’était dépouillée pour secourir celui qui servait aujourd’hui de bourreau… Infortunée, dont l’unique tort était d’appartenir à des parens qui l’avait corrompue dès l’enfance.

Quoique les aveux de Castellina eussent dû nous épargner les tourmens de la tor-