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ma naissance et de mes malheurs. — Bon, bon, conte que tout cela, me dit-il, tu es une aventurière, tu es une fille de mauvaise vie. — J’ai dit la vérité, je vous le proteste. — Mais ces bohémiens ont abusé de toi, ils-t-ont violée ? — Je n’ai nuls reproches à leur faire, puisse-je avoir autant à me louer de vous, que j’ai de graces à leur rendre. — On te traitera comme tu le mérites, tu as profané les sacremens, nous le savons, tu seras rôtie à petit feu, tu vivras douze heures dans les flammes, et l’on ne t’y plongera que déchirée. — Oh ciel ! quelque foi qu’il faille ajouter à des sacremens, mérite-t-on la mort pour n’y pas croire ? Un dieu de paix veut-il le sang des hommes, ses ministres doivent-ils le répandre ? — Tu ne crois donc pas à ces cérémonies ? — Je crois qu’il existe un Dieu bon à qui le meurtre est en horreur. — Tu te trompes, Dieu commande de tuer ceux qui ne croyent pas à la religion, il ordonne à son peuple de massacrer les nations idolâtres, son fils