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me faire voir l’effet de mes charmes. Je me lève avec le dessein de fuir… il s’en apperçoit, il me suit, et se jettant au travers de la porte où se dirigeait mes pas, il m’assure que je ne sortirai point sans l’avoir satisfait. Ses yeux étaient étincelans ; il bégayait à-la-fois des mots d’amour et de libertinage, perdant enfin toute retenue, il me jura avec de bien gros mots pour un homme de dieu, que quand il se trouvait dans l’état où il était alors, ce qui à la vérité lui arrivait bien rarement, il devenait impossible à qui que ce fût de lui résister… Ah ! dis-je à mon redoutable adversaire en jouant le plus grand effroi, qu’aperçois-je monsieur, et l’écartant de la porte. — Venez, venez, accourez au plus vîte, que j’examine sur votre front un signe qui m’était échappé… oh monsieur ! votre état m’effraie. — Qu’est-ce, dit notre homme allarmé, en cessant de me barrer le chemin… Qu’observez-vous, ma mie… Vous me faites une peur… Voilà déjà les choses dans leur état naturel… Moi qui croyais