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que je meure ! — Cruel, ayez pitié de moi ! ayez pitié de mon père et de vous ; ne nous engloutissez pas tous les trois dans un abyme de malheur, dont aucune félicité humaine ne saurait nous retirer ; rien n’égale aujourd’hui la prospérité de notre maison dans Tolede : évanouie demain par nos démarches, vous la plongez à jamais dans le deuil et dans la douleur. Est-ce donc ainsi que vous voulez me prouver votre amour ? Ah ! s’il était aussi délicat que vous cherchez à me le persuader, mon honneur ne vous toucherait-il pas davantage ? Consentiriez-vous à le flétrir pour un instant de volupté honteuse et criminelle, qui va nous couvrir à jamais et de malheurs et de remords ! Je ne vous ai pas conduite ici, répondit le furieux dom Juan, pour écouter les sophismes de la prévention ou de la haine, et pour chercher à y répondre. Je suis malheureusement trop convaincu du peu d’empire de mon esprit sur le votre, pour employer encore des armes,… trop long-tems émoussées par vos