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qu’au tourment de ma vie… Oui, Léontine on vous enlève à mon amour, à cet amour furieux et infortuné que je n’avais osé vous peindre ; à peine éclate-t-il, qu’il faut en étouffer la flamme, il faut briser le cœur qui l’a nourrit au même instant qu’elle s’en élance… Je vous perds Léontine, apprenez cette nouvelle affreuse de celui qu’elle plonge au désespoir, le comte vous destine à dom Diégue, avant un mois vous serez l’épouse de ce rival indigne de vous appartenir… Et moi confus, désespéré… mourant, j’irai traîner votre image au bout de la terre, ou l’immoler dans le temple même où la plaça la main de l’amour. Oh ciel ! dit Léontine, qu’avez-vous prononcé Dom Juan ?… Que venez-vous d’apprendre à la fois à votre malheureuse sœur ? Quel amour venez-vous de lui découvrir, et quelle infortune lui présagez-vous ? — Ah ! puissiez-vous être aussi peu surprise de l’un, que vous devez être effrayée de l’autre ; je vous ai dit vrai Léontine, je vous aime,… que dis-je ?