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Moi, je n’existe plus que pour l’immoler au plus léger de mes caprices.

Ô Clémentine, m’écriai-je, je le vois bien je vais te perdre, entraînée par une foule de nouveaux plaisirs, tu ne sentiras plus ceux de l’amitié, je ne t’aurai aimée que pour te plaindre, je ne t’aurai connue que pour te pleurer. — Ne m’attendris pas dit Clémentine… Non sois sûre que je t’aimerai toujours ; mais ne cherche pas à ouvrir mon ame dans l’espoir de la faire changer, je l’endurcirais plutôt que de me laisser vaincre ; n’employe nulles ruses avec mon cœur, elles échoueraient toutes aux résolutions de mon esprit. Ne crains point qu’une affaire d’amour aille t’enlever ton amie ? Il ne s’agit pas de délicatesse dans les travers que je médite, il n’est question que de besoins, je ne veux pas connaître l’amour, je ne veux que me r’accommoder avec ses plaisirs. — Et que sont-ils sans le cœur ? — Tout, on ne les goûte bien que quand on n’aime pas, c’est pour les autres qu’on jouit dès qu’on aime ; ce