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nous nous livrons si souvent à celles de faire le mal ; il dit : et dans l’instant nous courrons à ces femmes, en leur criant de ne pas avoir peur et de nous apprendre le sujet de leur chagrin ; trop agitées pour répondre, elles nous montrent du doigt, en continuant de pleurer, trois hommes à cheval, galoppant à bride abbattue, au travers de cette riche moisson, brisant les tiges, faisant voler les épies, et détruisant dans une minute une partie de l’espoir et du travail d’une famille entière… Seigneur cavalier, dit enfin, une de ces femmes à notre chef, en entremêlant ses paroles de sanglots ; ce champ est à mon père, nous sommes quinze à vivre de son produit pendant toute l’année… Cette saison-ci le ciel nous ayant favorisé, ce bon vieillard voulait mettre une légère somme de côté pour marier ma petite sœur que voilà, mais le pauvre cher père n’aura pas cette satisfaction… Ces hommes que vous voyez galopper ainsi dans notre bien, voilà trois jours qu’ils font la même chose. C’est le